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Éditorial

Les Cahiers du Laberlif est la revue scientifique du Laboratoire d’Études et de Recherche en Littératures Française et Francophone (LABERLIF). Instrument de promotion, de diffusion et de vulgarisation des savoirs, Les Cahiers du LABERLIF accorde aussi une attention particulière aux réflexions fondamentales sur les questions relatives aux sociétés et à l’imaginaire occidental et francophone. Le numéro 003 septembre 2023 – varia – réunit des études émanant des scien-ces littéraires, des sciences sociales et des sciences du langage et de la communication. Les dix-huit (18) articles réunis dans ce troisième numéro sont l’œuvre d’enseignants-chercheurs et chercheurs ivoiriens, sénégalais, congolais, béninois, français, marocains, maliens, nigé-riens… avec lesquels le laboratoire entend développer une collabo-ration pérenne.
La première partie du volume est consacrée aux sciences des textes littéraires. Dans cette section, plusieurs chercheurs-contributeurs abordent des thématiques prisées par le champ littéraire. Yetsu Masung’a de l’Université de Toulouse 2 Jean Jaurès évoque, à cet effet, les souvenirs de Chateaubriand lors d’un colloque organisé à Vérone en 1833. S’appuyant sur le tome IV des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, Masung’a relève que le congrès de Vérone a été l’élément catalyseur de la détermination de Chateaubriand à restituer à la France la politique souveraine qu’elle avait perdue depuis la fin du règne de Napoléon. Kibouni Lacina Ouattara, quant à lui, passe en revue la dimension polyphonique qu’il voit comme modalité obsessionnelle chez Marguerite Yourcenar. L’auteur étudie, chez cette auteure, les avatars du « je » à l’aune du roman épistolaire. Il en ressort, selon son étude, que la pluralité de voix sonne comme le refus de l’auteur d’accorder la parole à une seule autorité narrative. Houda Naddi, enseignante à l’Université de Fès, analyse un pan de l’altérité dans Au Maroc de Pierre Loti. Cette altérité consiste, selon la contributrice, à jeter un regard sur la femme autochtone marocaine à la lumière de la culture ou de la civilisation occidentale. En procédant ainsi, Loti fait une représentation d’a priori sur l’Autre, mais surtout, sur la gent féminine de Fès. De son côté, Yaya Koné jette un regard sur le dévoilement des crises sociétales chez Le Clézio.  Du point de vue du contributeur, Le Clezio propose une pédagogie éducative à partir de l’écriture en vue du règlement des crises ; règlement susceptible de créer une osmose sociétale. Lucien Kouamé Kouadio aborde son étude dans le même sens lorsqu’il fait du proverbe africain un outil au service de l’éducation du citoyen. L’auteur présente ainsi le proverbe comme une panacée dans la résolution des moments de tension et des crises dans le contexte africain. Pour sa part, Fabrice Guéi de l’Université Alassane Ouattara veut comprendre la manière dont la déconstruction de l’action est construite dans On ne sait jamais tout de Luigi Pirandello. Cela lui permet de saisir les procédés dont se sert Pirandello pour renouveler l’écriture dramatique tout en déjouant l’ossature de l’action. En tout état de cause, l’action pirandellienne reste une médiation de la dépersonnalisation de la condition humaine. Sékou Chérif examine, quant à lui, la phrase proustienne à l’aune du silence dans Sodome et Gomorrhe. Le critique explique que malgré la profusion lexicale que fait Proust dans la syntaxe, le passage laisse implicitement percevoir des non-dits et des sous-entendus qui peuvent s’appréhender comme une poétique de l’écriture du silence. Konan Valery Justin N’guessan de l’Université Félix Houphouët-Boigny porte un regard sur l’appareil judiciaire à travers la figure du juge d’instruction dans quelques romans africains. Pour N’guessan, l’analyse du juge d’instruction permet ainsi de lire des traits du rapport droit et littérature et de découvrir une esthétique nouvelle dans le roman judiciaire. Daouda Sylla aborde également son analyse dans la veine du dialogue interdisciplinaire. À cet effet, il fait remarquer que le texte devillien est caractérisé par un accouplement littérature et disciplines technoscientifiques dont l’impact est sans commune mesure dans les formes littéraires actuelles. Suivant un autre paradigme, Ahmadou Ouattara établit un pont conciliant entre conte africain, représenté par Bernard Dadié, et poésie surréaliste, incarnée par Paul Éluard. L’auteur de l’article soutient qu’autant que le conte africain, la poésie surréaliste est un canal de conscientisation et d’émancipation qui trouve son pendant dans des lueurs d’inspirations et surtout dans sa volonté de changer le monde. Réfléchissant sur une autre thématique, Bakari Koné analyse la transgression des normes sociales dans les contes romanesques de Voltaire.

De l’avis de Koné, Voltaire satirise certaines antivaleurs qui se placent de manière quasi insoupçonnée aux antipodes du bien-être individuel et collectif. Quant à Hodé Hyacinthe Ouingnon, il réfléchit sur « les écrits civiques » de François Mauriac pendant la libération de la France du joug de l’oppression. Ouignon montre, à travers cette étude, qu’aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, Mauriac adopte la posture de l’intellectuel-citoyen, en s’inscrivant opiniâtrement dans l’interdiscours tout en traçant des pistes pour l’avenir à construire. Nanridjanyoho dit Seydou SORO examine les interférences linguistiques et langagières comme fondement de la diversité culturelle dans Frère d’âme de David Diop. Le critique ivoirien voit dans l’œuvre de l’auteur français une variabilité d’emprunts dialectologiques qui sont le corollaire du mixage des artifices oraux fondé sur les adages et les proverbes. De son avis, Diop démontre par-là que les préjugés liés à la maîtrise de la langue ne sont plus une barrière infranchissable dans l’accomplissement du dialogue interculturel.
Dans la section « sciences du langage et de la communication », Guy-Roger Cyriac Gombé-Apondza et Rolph Cyrille Okombi présentent un sujet original portant sur la phrase interrogative alternative en Koyó, une langue localisée dans le nord de la République du Congo. Les deux contributeurs mettent en évidence les caractéristiques de cette langue dont les phrases interrogatives alternatives peuvent, selon eux, être simples ou polaires. Boubacar Abarchi Salissou, Souley Kabirou et Habou Maman Nouhou communiquent sur la lutte contre la migration irrégulière des femmes dans la commune rurale de Kourni, région de Zinder. Pour y parvenir, ces chercheurs nigériens adoptent une méthode mixte : quantitative et qualitative qui leur permettent de se rendre compte que la plupart des personnes sont informées de la migration irrégulière des femmes. Par ailleurs, le projet ProGEM/GIZ/Zinder, au centre de leur recherche, permet  l’identification des besoins susceptibles de pallier au problème migratoire. Suivant une pespective différente, le  texte de Touré Jean-Baptiste Yao met en lumière les défis liés au marketing d’influence en Côte d’Ivoire. Le contributeur estime, en effet, que le défi de l’indentification de l’influenceur, le manque de confiance des consommateurs et le manque de réglementation appropriée dans le domaine sont autant de problématiques auxquelles sont confrontés les influenceurs ivoiriens. Pour y remédier, le critique propose la transparence, l’honnêteté des influenceurs qui doivent, du reste, produire du contenu de qualité, respectant les normes éthiques.
La troisième partie est consacrée à la section des « sciences sociales ». Youssouf Diakité de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako ouvre cette section avec une réflexion inédite sur l’évolution des pratiques pédagogiques grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le chercheur ma-lien met en évidence les tendances actuelles et identifie les défis futurs liés à l’utilisation des TIC dans l’enseignement. Le contributeur relève que les techniques d’enseignement basées sur l’apprentissage en ligne, l’enseignement hybride, la réalité virtuelle, la gamification et l’analyse de données, sont autant d’outils susceptibles d’aider à la transformation des méthodes d’enseignement traditionnelles vers des approches plus interactives, plus personnalisées et flexibles. À la suite de cette contribution, Lamine Touré de l’Université Assane Seck, jette un regard sur la situation de l’enfant en milieu traditionnel manding en Casamance. L’auteur révèle qu’en réalité on ne saurait comprendre l’éducation en milieu mandingue qu’en interrogeant la culture. Ainsi l’enfant manding est soumis à un ensemble de rites d’ordre culturel qui façonnent ou conditionnent son intégration en société.


Yacouba KONÉ,  Rédacteur en chef

Section 1 : Sciences des textes littéraires
Section 2 : Sciences du langage et de la communication
Section 3 : Sciences sociales
Mise en ligne 02 octobre 2023