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Éditorial

Les Cahiers du Laberlif est la revue scientifique du Laboratoire d’Études et de Recherche en Littératures Française et Francophone (LABERLIF). Instrument de promotion, de diffusion et de vulgarisation des savoirs. Les Cahiers du LABERLIF accorde aussi une attention particulière aux réflexions fondamentales sur les questions relatives aux sociétés et à l’imaginaire occidental et francophone. Mise à la disposition de la communauté des chercheurs pour servir de forum, de lieu d’échanges et de circulation de l’information scientifique. Son objectif majeur est d’être un outil pratique adapté aux exigences actuelles de la recherche scientifique, cette revue offre un espace de rencontres et de débats sur l’actualité scientifique et intellectuelle. Le présent volume (n°2), intitulé Littérature, savoirs contemporains et migration, met en exergue des articles inédits structurés en trois (3) parties. Les douze (12) articles réunis dans ce deuxième numéro sont l’œuvre d’enseignants-chercheurs et chercheurs ivoiriens, camerounais, séngalais et congolais avec lesquels le laboratoire entend développer une collaboration pérenne. Ils mettent tous un accent particulier sur des faits de littérature en rapports avec des domaines de savoir contemporains. Comme indiqué plus haut, ce volume, comporte les contributions organisées suivant trois parties majeures. La première partie du volume est consacrée aux rapports dialogiques dans le texte littéraire, c’est-à-dire les relations multiples que le texte littéraire entretient avec d’autres formes d’expression extra-littéraire, mettant au goût du jour les questions d’intimité, de métissage, d’hybridation. Manhan Pascal MINDIÉ, professeur de littérature française, Université Alassane Ouattara de Bouaké, ouvre le collectif avec une étude liée aux relations art-littérature dans les œuvres de Louis Ferdinand Céline. Celle-ci est suivie de celles présentées par les docteurs Yacouba KONÉ, Gashella Princia Wynith KADIMA-NZUJI, GUÉI Séraphine épse YAHA, Demba LÔ. Le professeur Manhan Pascal MINDIE, dans «La dimension interartiale de l’écriture de Guignol’s Band 2 (Le Pont de Londres) et Féérie pour une autre fois 2 (Normance) de L-F. Céline », dévoile la dimension à la fois hétérogène et hybride du texte célinien. En analysant l’approche picturale dans Normance et le dialogue intersémiotique cinéma roman dans le texte célinien, Pascal Mindié met en évidence les effets de recyclages et de réécriture contenus dans les textes de Céline sous le prisme d’une interartialité littéraire indéniable. Ce faisant, il montre le roman comme un lieu de circulation, de passage, de mobilité, de voyages interdiscursifs, d’interactions, en somme un faisceau de relations. Docteur Yacouba KONÉ de l’Université Péléforo Gon Coulibaly aborde son analyse dans le même sens lorsque, dans son article intitulé « jeu littéraire et jeux vidéo dans le discours romanesque de Garréta », il relève le processus d’insertion transmédiatique dans le roman de Anne Garréta suivant une perspective sémiotico-narrative. De son point de vue, le jeu littéraire de Garréta consiste à inscrire dans la narration des jeux vidéo, soit en les narrativisant, soit en les insérant subtilement dans les interstices de la narration principale. Ainsi, dans ce système complexe, est-il difficile voire illusoire de déméler clairement ce qui relève du vidéoluque ou de l’électronique et de ce qui a trait à la fiction d’autant plus que le personnage romanesque est aussi le principal protagoniste vidéoludique. Dans cette dynamique, docteure KADIMA-NZUJI Gashella Princia Wynith de l’Université Marien NGouabi – Brazzaville, essaye de catégoriser les anthroponymes référentiels dans les romans de Sony Labou Tansi. À cet effet, elle estime que Sony Labou Tansi déploie la stratégie dénominative en créant un monde où les personnages qui l’habitent présentent toutes les apparences de la vérité. Suivant la capacité intégrative du roman, docteure Séraphine GUÉI présente le dialogue littérature-médecine dans une perspective dialogique. Son analyse met en évidence les relations multiformes qui réunissent la littérature et des sciences médicales, à travers la mise en discours du corps humain et une description des espaces mortuaires. Quant à docteur Demba LÔ de l’Université Cheihk Anta Diop, il fait ressortir les réalités historiques et procédés dramatiques dans Le Cid de Pierre Corneille, en s’appuyant sur les marqueurs du modèle poétique dans lequel l’auteur a inscrit son œuvre.

La deuxième partie du volume, consacrée aux savoirs contemporains, est liée à l’actualité dans le domaine des recherches littéraires tout en mettant un accent sur les interconnexions interdisciplinaires. Cette partie débute avec la contribution de docteur Axel Richard ÉBA de l’Université Alassane Ouattara. Viennent ensuite les analyses des docteurs Afou DEMBÉLÉ de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines – Bamako (ULSHB) et Hugues Merlin KETCHIAMAIN de l’Université de l’Université de Yaoundé I, et de Messieurs Zié Benjamin SORO et Daouda Sylla, tous deux doctorants à l’Université Alassane Ouattara. Axel Richard ÉBA, en intitulant sa réflexion comme suit : «Le Kitsch, un mot à la nature complexe », fait du Kitsch un concept polysémique et donc malaisé à cerner. Cette notion, qui qualifie les goûts baroque et provocant, peut prendre, tour à tour, la fonction de nom masculin, d’adjectif qualificatif invariable, d’adverbe de manière et de verbe d’action selon le mode d’emploi. En prenant appui sur les travaux de Hermann Broch, Abraham Moles et Manhan Pascal Mindié, il démontre que le Kitsch est un mot transcodé et flexible qui met au goût du jour la malléabilité et l’ouverture qui caractérisent les sociétés actuelles. Benjamin SORO, quant à lui, met au cœur de sa réflexion la cybernétique dans le roman français en intitulant son article « La cybernétique dans le roman français contemporain : un procédé de cyborganisation narrative ». Selon SORO, les écrivains comme Dan Brown, Anne Garréta et Alain Fleischer font des humanités numériques le fond de toile de leurs textes en procédant par l’intégration des dispositifs automates et systémiques, conférant à leurs textes une profondeur sémantique et esthétique. En fictionnalisant des protagonistes humanoïdes ou des cyberespaces, ces auteurs cyberorganisent, par voie de conséquence, leurs œuvres romanesques. Afou DEMBÉLÉ, pour sa part, intitule sa contribution « 9. Les Cahiers du LABERLIF, n°002 – juin 2022 ISBN 978-2-491794-01-9 Savoirs sociologiques et sociétaux locaux dans Kaïdara et l’Éclat de la Grande Etoile : quels apports pour le pouvoir moderne ? » Dans la perspective de la narratologie, de la sociocritique et de la méthode comparative, la critique malienne étudie les articulations entre le pouvoir politique « moderne » et les savoirs endogènes des sociétés africaines, la société peule en particulier. Aussi, met-elle en évidence, d’une part, les fondements du pouvoir à travers l’initiation, le savoir et la sagesse qui contribuent à la construction de l’image d’un homme accompli. D’autre part, elle évoque les pouvoirs temporel et spirituel qui représentent, pour elle, la voie royale d’accès au développement des peuples. Daouda SYLLA, dans son article « L’écriture de l’histoire chez Patrick Deville : une expérience maximaliste », montre comment Patrick Deville met en jeu un discours historique explicite et proéminent qui influence la forme de son écriture romanesque. Selon SYLLA, cette expérience scripturale se révèle pour Deville comme une stratégie susceptible d’évoquer l’état de crise des sociétés afin de comprendre les balbutiements tragiques de l’époque présente. En mettant en rapport l’écriture devilienne et l’expérience maximaliste, le critique permet de comprendre le caractère transtextuelle du corpus et d’explorer les zones de coexistence entre les époques et les savoirs contemporains. Hugues Merlin KETCHIAMAIN de l’Université Yaoundé I analyse, dans la perspective des théories de l’énonciation et de l’argumentation, l’image de femme des zones septentrionales du Cameroun. Pour ce faire, le critique camerounais formule sa contribution comme suit : « Construction stratégique de l’image socio-discursive du personnage féminin dans La Lame et Le Couteau de Valentin Ateba Abeng ». Son étude met en exergue le caractère duratif du langage phallocratique qui prévaut dans la société, tout en décrivant les conséquences d’un raisonnement prélogique qui trouve ses fondements dans les praxis langagières ayant présidé à l’institutionnalisation de la société africaine. Pour KETCHIAMAIN, il s’agit d’étudier les conflits d’image derrière lesquelles découlent les préjugés qui sont, en réalités, des conflits d’intérêts soutenus différemment par l’homme et la femme. Ainsi, l’homme lutte-t-il pour conserver les acquis préétabli par les stéréotypes et préjugés tandis que la femme doit combattre, suivant une perspective de déconstruction, la marginalisation qui constitue un frein à l’essor, à son épanouissement dans les sociétés africaines contemporaines. Les articles de la troisième partie, au nombre de deux (2), sont liés entre eux par les questions de migrations et de mobilité scripturaire. Docteur Rodrigue Marcel ATEUFACK DONGMO de l’Université Detschang se base sur son article « «Migritude »: entre résistance et légitimation de l’orthodoxie coloniale » pour faire de l’écriture migrante migrante une mémoire des théories racialistes dont elle rappelle et légitime parfois, à son corps défendant, les survivances idéologiques, actualisant de fait les pensées négritudiennes. Pour ATEUFACK DONGMO, les auteurs de la « migritude » scénarisent des univers afro- français suivant une perspective qui rappelle les théories de race et le suprématisme blanc. Aussi, la « migritude » vise-t-elle à déconstruire cette idéologie qui prospère par la hiérarchisation des « races » et des cultures, tendant à le reproduire suivant le mécanisme de violence symbolique par des choix esthétiques liés à un champ littéraire francophone trop franco-centré. Etienne ANGAMAN de l’université Alassane Ouattara, fait des territoires naturels dits « underground », un composé de biotope dans l’arrière-plan urbain dans son article intitulé « Du parcours de « l’underground » de la nature de Kafka à la création de la poétique du continuum ». Selon ANAGAMAN, nature et création poétique sont intimement liées dans l’écriture romanesque de Kafka. Cette liaison génère ainsi une intelligence poétique d’éternité, née de l’errance des protagonistes dans les territoires labyrinthiques.

Première partie: Rapports dialogiques dans le texte littéraire
Deuxième partie: Littérature et savoirs contemporains
Troisième partie: Littérature et migration